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Marie-Lou

Technicienne d'intervention
en loisir 

Tout sourire, avançant dans un corridor étroit, Marie-Lou croise les nombreux hommes hébergés par la Maison du Père, qui la saluent chaleureusement. C’est une journée chargée, très chargée, mais elle leur répond à chacun, par leur nom à chacun. Ce n’est pas seulement sa chevelure rousse qui illumine ces lieux, mais également sa verve, sa vivacité et sa volonté manifeste de communiquer une acceptation inconditionnelle à ces gens qui trouvent la Maison du Père sur leur chemin de vie. C’est l’impression que nous a laissé Marie-Lou, alors que nous cheminions nous-même dans le corridor de ses impressions pour mieux comprendre la différence qu’elle apporte à nos usagers.

 

Marie-Lou est la technicienne d'intervention en loisir de l’organisme. Cela signifie que sur ses épaules repose la responsabilité d’organiser et animer une multitude d’activités : sociales, pour briser l’isolement et favoriser les rencontres, culturelles, pour nourrir l’esprit, et physiques, pour garder la forme, tout en tenant compte des besoins particuliers des hommes souvent plus âgés de la Maison. Résultat : les usagers peuvent choisir entre, par exemple, la méditation, le yoga, les arts visuels, le jardinage, la cuisine, la pétanque, la danse sur chaise, les visites au musée ou les séances de discussion… et même le montage de mouches à pêche!

Parlant de choses qui piquent, Marie-Lou a la « piqûre » de son métier à l’adolescence, en occupant un poste d’animatrice de camps de vacances, auprès d’enfants handicapés. Après les études secondaires, elle songe à se diriger vers le travail social, ayant le goût d’aider les autres. « Pour moi, le loisir, c’était pas comme un métier, c’était comme une passion. Je ne savais pas que je pouvais changer des vies avec ça, toute ma vie », dit-elle. Elle découvre ensuite la technique d'intervention en loisir, discipline méconnue, mais toute taillée pour ses ambitions. Elle obtient ensuite des emplois auprès de personnes handicapées et de personnes âgées. Après 12 ans, elle décide de changer de milieu et se joint à l’équipe de la Maison du Père.

« Je ne regrette pas du tout mon choix! », assure-t-elle. Surtout que le poste s’est présenté à elle à un moment très opportun. « J’aurais eu ce poste-là en sortant de l’école, et je n’aurais pas eu le même bagage. Je pense qu’aujourd’hui, je peux vraiment leur apporter quelque chose, et mon métier, je le connais. » À son arrivée, « ce qui était important, pour moi, c’était de pas trop mettre d’activités au début, et d’apprendre à les connaître », pour faciliter les échanges, mais aussi pour comprendre les activités qui pourraient les intéresser.

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Par exemple, à son arrivée, un résident confie à Marie-Lou son rêve de voir une exposition sur l’œuvre de Salvador Dali, près de la résidence, au Vieux-Port de Montréal. Aussitôt dit, aussitôt fait : Marie-Lou organise la visite pour un petit groupe de résidents. « L’exposition était en trois sections : on entrait dans l’Enfer, après ça le purgatoire, et après ça le paradis, laisse-t-elle savoir. Dans l’Enfer étaient imagés tous les péchés. » La vue des péchés représentés dans la première section ranime alors les souvenirs de mauvaises décisions d’un résident, qui doit s’asseoir pour vivre pleinement ses émotions et pleurer… « Tu vois combien ça peut être thérapeutique ».

C’est ce que permettent les activités à la Maison du Père. Plus qu’un divertissement, les activités peuvent représenter une autre façon d’accéder aux sentiments des usagers, et laisser place à un déblocage de problèmes enfouis dans l’inconscient. C’est aussi une façon d’encourager l’adoption de comportements plus sains. « Il y a un résident, par exemple, qui quelques fois m’a dit ‘grâce au fait qu’il y a des activités, pendant que je suis avec toi, je ne vais pas consommer’ Ça, c’est vraiment valorisant ».

En plus des activités culturelles, d’autres activités permettent le maintien de la santé physique aux plus âgés des résidents, alors que d’autres plus sociales font en sorte que les usagers apprennent à se connaître. Ultimement, la reprise de contrôle des hommes sur leur santé physique et mentale par les activités peut motiver un redressement pour d’autres sphères de vie. Le travail de Marie-Lou, c’est en somme un complément aux interventions biopsychosociales des intervenants.

Si les usagers réussissent à se motiver, à s’activer et à s’ouvrir, c’est grâce d’abord à leurs forces personnelles. Mais, nous sommes convaincus que la philosophie d’intervention de Marie-Lou y est aussi pour quelque chose. « Je vais pas te juger si tu as fait quelque chose de mal, dans ton passé », affirme-t-elle. « J’ai un super beau rôle. Moi, je suis là pour que leur futur soit beau. »

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