Sandra Auger
Coordonnatrice du
Service Alimentaire
Que cherche-t-on à la Maison du Père? La première réponse s’impose : un lit. Mais la seconde est tout aussi évidente : un bon repas chaud. Celui-ci est essentiel, encore plus qu’on ne peut l’imaginer. Car il nous apporte réconfort et énergie pour ensuite rebondir et aller plus loin dans notre cheminement de reprise en main. C’est pourquoi il faut une équipe solide en charge du service alimentaire. Sandra est à la tête de cette équipe. À travers notre échange avec elle, on découvre tous les défis, et les récompenses, de cette tâche incontournable : nourrir les hommes de la Maison du Père.
Sandra est la coordonnatrice du service alimentaire de la Maison. Suite à un passage en soins infirmiers, elle a décroché une technique en gestion des services alimentaires. Après une quinzaine d’années d’expérience en restauration privée, pendant lesquelles elle a été copropriétaire de 2 restaurants, elle est passée à l’alimentation en Centre de la petite enfance. Pendant 8 ans, elle y a nourri les tout-petits.
Puis, Sandra a eu à nouveau la bougeotte; elle a senti le besoin de se donner un nouveau défi. « Ça fait que j’ai cherché! La Maison du Père cherchait quelqu’un. J’ai dit : ‘Ah ben, ça pourrait être intéressant. Le poste qui est offert, c’est de la gestion des dons alimentaires, des ressources humaines avec ton équipe immédiate, et le contact humain avec ta clientèle’ », ce qui correspondait tant à ses domaines d’expérience qu’à ses intérêts, dit-elle, car elle rajoute : « Aider, je pense que ça a toujours fait partie de moi ».
C’est ainsi qu’elle a pris les rênes du service alimentaire de la Maison du Père. Celui-ci assure l’alimentation des usagers, des résidents, des bénévoles et des employés. Les menus sont créés chaque jour à partir de précieux dons faits à la Maison, ce qui rend la tâche fort imprévisible et demande de savoir improviser sans cesse. Elle affirme que « c’est le défi de chaque jour : comment on peut gâter les usagers aujourd’hui, comment on peut leur faire plaisir ».
Autre défi : comme tout établissement ayant un service alimentaire, la Maison du Père se doit de respecter les lois et les règlements en matière d'hygiène et de salubrité du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, en tout temps. Aussi, la résidence pour aînés étant officiellement accréditée par le gouvernement, l’organisme doit se conformer à certaines lignes directrices concernant la qualité et les choix des menus.
Enfin, l’équipe de Sandra est grande, ce qui lui demande de solides qualités de leadership. Elle est composée d’employés, de bénévoles, et d’usagers de la Maison, réguliers (puisqu’on leur demande 20 heures de travaux dans la Maison par semaine) et engagés dans une démarche de réinsertion sociale avec le Programme d'aide et d'accompagnement social, ou « PAAS Action ». Ainsi, Sandra entre beaucoup en contact avec les hommes de la rue hébergés à la Maison.
Pour avoir leur écoute, dit Sandra, il faut les traiter avec respect, en égaux. Quand on réussit cela, la confiance s’installe. Souvent même, ils se confient, ce qui les portent souvent à parler de leur passé avant l’itinérance. « Tu vois qu’il y a la flamme de fierté… tu le vois qu’ils sont fiers de ce qu’ils ont fait avant », ajoute-t-elle. …et ils sont fiers de ce qu’ils font après. Plusieurs passent, par exemple, du CAHR (l’ancien refuge) à PAAS Action, à un nouvel emploi et un logement trouvé à l’aide de Projet logement Montréal (dont la Maison est fiduciaire). Ils tirent alors une grande fierté de leur parcours, et le font savoir. « Ça, c’est le fun à voir », lance-t-elle.
Côtoyer ces hommes lui a aussi permis de voir et mieux comprendre les racines de l’itinérance. Elle insiste : « La majorité n’est pas là parce que c’est ça qu’ils ont choisi. Ils ont eu une mauvaise période. Ils ont perdu leur emploi, se sont séparés, ou ils se sont fait évincer de leur appartement… Au bout de la ligne, ils veulent pratiquement tous retrouver un appartement et une vie normale. »