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Guerson

Intervenant psychosocial pivot,
Prévention et référencement

Commençons par le commencement. Au début du parcours-type d'un usager de la Maison du Père, il y a, pas tout le temps, mais souvent, le CAHR, ou Centre d'accueil et d'hébergement en référencement. Le CAHR, c'est l'ancien refuge transformé il y a deux ans, pour mettre l'accent encore davantage sur le suivi et le référencement. C'est donc un service-pivot de notre organisation, et pour mieux comprendre la place centrale qu'il occupe, nous nous sommes entretenus avec Guerson, intervenant au CAHR.

 

« Être intervenant, à la base, c'est une vocation, confie Guerson, à propos de son parcours. J'ai toujours voulu devenir psychologue, et j'ai un baccalauréat en psychologie de l'Université de Montréal. Faut dire aussi que j'ai grandi dans ce milieu-là [de la relation d'aide] parce que l'une de mes sœurs est travailleuse sociale, et j'ai une autre sœur qui est éducatrice spécialisée. Ma mère était prof et maintenant depuis plus de 15 ans, elle a une famille d'accueil qu'elle dirige, et moi-même j'ai grandi dans cette famille d'accueil-là. C'est ce qui a nourri cet engouement, cette vocation que j'avais déjà, étant jeune. » Et c'est ce qui l'a mené jusqu'à nos portes.

 

À la Maison du Père, Guerson travaille au CAHR. Il nous explique ce qu'est ce service. Auparavant, le refuge offrait 200 lits d'urgence à 1$ par jour. Avec l'arrivée de la pandémie de la COVID-19 en 2020, pour suivre les consignes sanitaires mises en place par le gouvernement, il fut nécessaire de réduire le nombre à 95. Toutefois, les places retirées ont été remplacées par de nouveaux sites d'hébergement externes, tels que ceux de l’Hôtel-Dieu, de l’Auberge Versailles et de l’Hôtel Chrome. Mais aussi, la réduction du nombre d'usagers admissibles a permis un suivi plus rapproché des hommes hébergés et une stratégie de référencement intensifiée.

 

Dorénavant, les frais d'un dollar sont abolis. Environ 35 lits sont réservés aux situations d'urgence temporaire et environ 60 lits sont dédiés à un nouveau programme de 4 mois. Les hommes souhaitant intégrer le programme doivent rencontrer un intervenant pour établir leurs objectifs. « Pendant les 4 mois, dit-il, la personne va avoir un intervenant attitré à lui, qui va pouvoir l'aider dans ses démarches, que ce soit au niveau de la santé [physique ou mentale], de trouver un emploi, de trouver un logement... on travaille avec presque toutes les sphères de la vie de la personne. » L'usager participera également aux tâches bénévoles de la Maison pendant un mois, ce qui contribuera à sa réinsertion sociale.

À partir du CAHR, il est possible de passer à d'autres services de la Maison, tel que la RÉSO (Réinsertion sociale) ou la résidence pour aînés. Mais parfois, il importe aussi de reconnaître quand une ressource externe est mieux à même de répondre aux besoins particuliers de l'usager: c'est ce qu'on appelle ici le « référencement ». Par exemple, si la personne a des enjeux de santé mentale, on la référera à l'organisme Diogène. Pour les anciens combattants, on les dirigera vers Sentinelle. Pour les personnes sortant de prison, on ira vers la Société John Howard. Enfin, pour les personnes intoxiquées, plutôt que les retourner à la rue, on se tournera vers l’organisme l’Exode.

 

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Voilà donc les tâches principales assumées par les intervenants: assurer le suivi du participant, et son référencement. Pour s'en charger, et pour bien s'en charger, il faut appliquer certaines valeurs et attitudes, dit Guerson. D'abord, « il faut avoir une écoute active », c'est-à-dire focaliser son attention sur la personne, ce qui permet de bien évaluer ses besoins, mais aussi faire un suivi par rapport à ce qui est dit. « Aussi, ça prend de l'empathie. En tant qu'intervenant, il faut que tu sois en mesure de te mettre à la place de la personne pour [comprendre ses] émotions, pour [saisir] ce que la personne est en train de vivre. »

 

De plus, il faut être jovial et humble. De cette façon, « la personne ne me voit pas seulement comme un intervenant, il me voit comme quelqu'un comme lui. » Enfin, il faut « encourager les efforts et l'autonomie de la personne. » Ainsi, l'usager est partie prenante du processus, et les objectifs sur lesquels on travaille sont ceux de l'usager lui-même, ce qui respecte l'individu tout en assurant de meilleures chances de réussite. Et de la réussite, il y en a, car, dit Guerson, « il y a beaucoup d’usagers qui étaient au CAHR, dans notre programme, et maintenant, qui sont en logement, qui travaillent, et qui nous envoient des cartes de remerciements pour ce que nous avons fait pour eux. C’est ça qui valorise ce qu’on fait. »

 

En échangeant avec Guerson, on constate en effet que cette carrière est une véritable vocation pour lui. Mais, même pour lui, ce contact avec ces personnes a changé son point de vue sur la question de l'itinérance. « Avant, j'étais pas vraiment en contact direct avec les personnes qui sont en  situation d'itinérance. Oui, je les rencontrais au métro, dans la rue, mais le fait de travailler avec eux, de les côtoyer tous les jours, ça me donne une autre perspective de ces gens-là, complètement. Ça me permet de voir que n'importe qui pourrait être en situation d'itinérance, être sans logement, pourrait être sans emploi. »

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